Le mot « communion » revêt plusieurs sens. Il concerne « ce qui est mis en commun » par exemple, les biens qui sont partagés entre les disciples et les apôtres (cf. Ac 2, 44), la communion de prière (Ac 1, 14), ou encore le fait de « communier » en prenant l’Eucharistie.
Saint Saint Saint est le Seigneur (Ap 4, 8)
La première de toutes les communions de sainteté concerne les personnes de la Trinité. Personnes à l’image desquelles l’homme est créé.
Gn 1, 26-27 Alors Dieu dit: Créons l’homme à notre image et ressemblance, qu’il ait tout pouvoir sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur les bestiaux, et sur toute la terre, et sur les reptiles se traînant à terre. Et Dieu créa l’homme; il le créa à l’image de Dieu; il les créa mâle et femelle.
Ces versets ici alternent des singuliers et des pluriels : « Dieu dit« , singulier; « Créons (…) à notre » pluriel; « qu’il ait« , singulier. « Et Dieu créa l’homme » singulier; « il le créa à l’image de Dieu » singulier; « il les créa mâle et femelle. » pluriel.
Si donc l’homme est créé singulier « Et Dieu créa l’homme » mais aussi pluriel « il les créa mâle et femelle » et que cet « unique homme » dans une pluralité de personnes est créé « à l’image de Dieu« , on peut en déduire que Dieu est unique mais dans une pluralité de personnes, constituants le noyau d’une famille. Tant du côté divin que du côté humain, nous sommes ici dans une communauté, une communion de personnes, et puisque Dieu est « trois fois Saint », que l’homme est encore sans péché, nous sommes donc dans une communion de saints.
Mais la communion des saints originelle se réduit-elle à cela ? En effet, bien que le récit de la genèse n’en parle pas ici, les anges furent créés avant l’homme. Par exemple au verset 23 du troisième chapitre du livre de le genèse :
« Ayant chassé l’homme, il posta les chérubins à l’orient du jardin d’Eden avec la flamme de l’épée foudroyante pour garder le chemin de l’arbre de vie. »
La communion des saints ne se réduit donc pas seulement à l’humanité et à Dieu, mais aussi aux saints anges.
Les saints élevés de l’ancienne alliance
Reprenons certains passages des Écritures, et commençons par le livre de la genèse :
Genèse 5, 23-24 Hénoch vécut en tout trois cent soixante-cinq ans. Ayant suivi les voies de Dieu, il disparut car Dieu l’avait enlevé.
Le premier des saints hommes élevés de la bible, c’est Hénoch, qui – comme le dit l’auteur de la lettre aux hébreux : « fut enlevé afin d’échapper à la mort (…) Dieu l’avait enlevé; avant son enlèvement, en effet, il avait reçu le témoignage qu’il avait été agréable à Dieu. » (He 11, 5 )
Le second, c’est Élie :
2 Rois 11-12a Tandis qu’ils poursuivaient leur route tout en parlant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre; Élie monta au ciel dans la tempête. Quant à Élisée, il voyait et criait: « Mon père! Mon père! Chars et cavalerie d’Israël! » Puis il cessa de le voir.
Mais le troisième est plus mystérieux, le troisième, c’est Moïse que l’on voit parler avec le Christ sur le mont Thabor :
Luc 9, 29-30 Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement devint d’une blancheur éclatante. Et voici que deux hommes s’entretenaient avec lui; c’étaient Moïse et Élie
Pourquoi Moïse est-il plus mystérieux qu’Enoch et Elie ? Parce que selon St Jude, il est mort :
Jude 1, 9 Pourtant même l’archange Michaël, alors qu’il contestait avec le diable et disputait au sujet du corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement insultant, mais il dit: « Que le Seigneur te châtie! »
Voila donc quelques indices concernant l’élévation de saints sous l’ancienne alliance. A présent, nous allons regarder d’un peu plus près ce que le nouveau testament nous révèle.
La communion Eucharistique
l’Église est composée des personnes qui se sanctifient sur terre, des personnes qui se purifient dans le purgatoire et des saints qui sont au ciel.
En Jean 17, 20-24, nous pouvons découvrir que l’Église terrestre et céleste, ne sont pas séparées. Mais lisons ce passage :
20 « Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi :
21 que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé.
22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un,
23 moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est
toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
24 Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé dès avant la fondation du monde.
NB. Nous verrons le verset 24 dans une autre paragraphe, plus bas.
Au verset 20 Jésus prie non seulement pour les apôtres mais aussi « pour tous ceux qui croiront en Lui par leurs paroles« . C’est à dire que Jésus prie aussi pour toute l’Église qui s’ensuivra et ce, jusqu’à nous. De nos jours cette parole, nous a été transmise pour que nous puissions croire et c’est au moyen de cette même parole que nous évangélisons. La prière de Jésus a ceci d’étonnant : elle traverse les siècles depuis 2000 ans et touche notre apostolat.
Cette prière est une consécration dans l’unité et la vérité (Jn 17, 17) depuis les apôtres jusqu’à nous. Comme l’atteste le verset suivant « que tous soient un« , c’est à dire l’Église temporelle et intemporelle. La suite du verset va plus loin encore puisque Jésus consacre l’Église toute entière dans l’unité Trinitaire de Dieu. C’est apparemment cette unité qui – pour le monde – est l’objet de « croyance de la venue de Jésus« .
Au verset 22 Jésus nous dit qu’Il a donné aux apôtres la gloire que Son Père Lui a donnée. Mais quelle peut bien être cette gloire en question ? Selon l’ancien testament, la gloire du Père, c’est Sa « présence réelle » (cf. Ex 40, 35 ; Lév 16, 2 2 ; Sa 6, 2 1 ; 1R 8, 10 ; 2Ch 5, 13 ; Ps 80, 1; Isaïe 37, 16 ; Ez 9, 3), aussi appelée la « Shekinah » (cf. Ex 25, 8). Quelle peut être alors la correspondance chrétienne de « la gloire » ? Cette « présence réelle », est le Christ Eucharistié. Lors de l’institution eucharistique, le Christ nous révèle ce mystère en disant « ceci est mon corps ». Nous même, nous faisons partis du corps du Christ. En conséquence, cette Eucharistie est signifiante de l’unité en un seul corps, celui du Christ, comme l’atteste la suite du verset « pour qu’ils soient un comme nous sommes un« . Le verset suivant poursuit cette idée justement « moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite« . La présence de Jésus en nous, nous rassemble sur terre et au ciel en un seul corps jusqu’à l’unité parfaite. Mais quelle pourrait être le trait d’union entre l’Église temporelle et intemporelle ?
La mort, la résurrection et l’ascension du Christ, inaugure un nouveau chemin
Sous l’ancienne alliance, après leur vie terrestre, les âmes allaient dans le séjour des morts, le shéol.Un lieu où il n’y a « ni oeuvre, ni bilan, ni savoir, ni sagesse » (Ecclésiaste 9, 10) Où celui qui meurt n’a plus « le souvenir du Seigneur et où il ne le loue plus » (Ps 6, 6)
Psaumes 88, 11-13 Feras-tu un miracle pour les morts? Les trépassés se lèveront-ils pour te célébrer? Dans la Tombe peut-on dire ta fidélité, et dans l’Abîme dire ta loyauté? Ton miracle se fera-t-il connaître dans les Ténèbres, et ta justice au pays de l’Oubli?
Cependant, la mort et la résurrection du Christ offrent une nouvelle situation. En effet « le Dieu de la paix l’a fait remonter d’entre les morts » (He 13, 20) pour qu’Il ressuscite (Ac 3,15; Rm 8,11; 1; Co 15,20). En conséquence, puisque le Christ est « remonté« , c’est bien qu’Il y est descendu auparavant (Ep 4, 9) « Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, dans les cieux, sur la terre et sous la terre » (Ph 2, 10).
Citons à présent deux paragraphes du Catéchisme de l’Église Catholique :
634 « La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts … » (1P 4,6). La descente aux enfers est l’accomplissement, jusqu’à la plénitude, de l’annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d’extension de l’oeuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption.
635 Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12,24 Rm 10,7 Ep 4,9) afin que « les morts entendent la voix du Fils de l’Homme et que ceux qui l’auront entendue vivent » (Jn 5,25). Jésus, « le Prince de la vie » (Ac 3,15), a « réduit à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort » (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité « détient la clef de la mort et de l’Hadès » (Ap 1,18).
Donc, Jésus descend dans le séjour des morts pour aller « prêcher même aux esprits en prison, aux rebelles d’autrefois, quand se prolongeait la patience de Dieu aux jours où Noé » (1 Pi 3, 19-20), certains de Ses contemporains sortent de leur tombeaux (Mt 27, 52) puis Jésus ressuscite et après 40 jours (Ac 1, 3) Il monte au Ciel (Ac 1, 9) .
En conséquence, le shéol, le sein d’Abraham qui était clos auparavant, devient désormais un « passage » (cf. Jn 13, 1) vers le ciel d’où il reviendra au moment du jugement particulier (Ac 1, 10-11).
Au moment de la mort, nous montons donc à la rencontre du Seigneur dans un « passage ». C’est ce que l’apôtre nous dit en 1 Co 5, 8 « Oui, nous sommes pleins de confiance et nous préférons quitter la demeure de ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur. » (cf. Ph 1, 23-24; Rm 8, 38-39).
Il est à supposer qu’il peut aussi être possible de découvrir la réalité de la communion céleste dès ici bas comme St Paul dit l’avoir fait :
2 Corinthiens 12, 2-4 Je connais un homme en Christ qui, voici quatorze ans-était-ce dans son corps? je ne sais, était-ce hors de son corps? je ne sais, Dieu le sait-cet homme-là fut enlevé jusqu’au troisième ciel. Et je sais que cet homme-était-ce dans son corps? était-ce sans son corps? je ne sais, Dieu le sait, cet homme fut enlevé jusqu’au paradis et entendit des paroles inexprimables qu’il n’est pas permis à l’homme de redire.
L’Eglise corps mystique du Christ
Nous voici donc à présent au dernier paragraphe. Celui-ci concerne l’Église corps mystique évoqué lors du paragraphe sur la communion Eucharistique qui rassemble tous les croyants qui ont existé depuis les origines, jusqu’à nos jours.
Jn 17, 24 Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé dès avant la fondation du monde.
Ce verset est signifiant quant à la volonté que le Christ exprime au Père. Le Christ invite « ceux qui lui ont été donné » à contempler la gloire et l’amour du Père envers le Fils avant la fondation du monde. Nous pouvons dire qu’ils sont introduits dans la vision de Dieu Trinitaire, la vision béatifique.Ceux qui ont été donnés au Christ ne sont pas forcément Ses contemporains mais aussi Enoch (He 11, 15), Abraham (Lc 16, 23), Elie et Moïse (Mc 9, 4; Mt 17, 3; Lc 9, 30) ainsi que « ceux qui avait été incrédules au temps de Noé » (1 Pi 3, 18-20). Egalement St Paul (Rm 8, 38-39; 2 Co 5, 6-9; Php 1, 23-24). Ce même St Paul dont la prédication du corps mystique du Christ s’est fait insistante (Rm 12, 4-5; 1 Co 10, 16; 12, 12-13; Ga 3, 28; Eph 1, 22-23; 3, 4-6; 4, 4. 15. 25; 5, 21-32; Col 1, 18; He 13, 1-3) après que le Christ Lui même le lui révéla en lui posant cette question : « Saoul, Saoul, pourquoi me persécuter? » (Ac 9, 4).
Pour finir, au ciel, se trouve « les âmes de ceux qui ont été sacrifiés à cause de la parole de Dieu » :
Lorsqu’il a ouvert le cinquième sceau j’ai vu sous l’autel des sacrifices les âmes de ceux qui ont été sacrifiés à cause de la parole de dieu et à cause de l’attestation de la vérité qui a été la leur et elles criaient d’une grande voix et elles disaient jusques à quand seigneur saint et véritable ne jugeras-tu pas et ne feras-tu pas justice de notre sang en le réclamant de la main de ceux qui habitent le pays (Ap 6, 9-10)
Ainsi que la « grande foule, que personne ne pouvait compter » (Ap 7, 9) :
Apocalypse 7, 9-12 Après cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes blanches, et des palmes dans leurs mains. Et ils criaient d’une voix forte, en disant : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre êtres vivants ; et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le trône, et ils adorèrent Dieu, en disant : Amen ! La louange, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance, et la force, soient à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Amen !
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Bonjour Marc (si c’est bien vous)
Je suis très heureux de voir retrouver tes bons et édifiants articles Je n’avais pas ou avais oublié l’adresse de votre nouveau blog
Dieu vous bénisse et vous utilise encore plus.
Bonjour Jean, oui, c’est bien moi. Merci pour vos encouragements ! Il y a aussi l’article sur le purgatoire, un peu plus technique mais il devrait vous plaire 😉
Que Dieu vous bénisse de même.