Que de controverses sur cela… il n’est pas rare que l’on assène aux catholiques : « Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition.« (Mt 15, 6b) Mais analysons un peu ce verset et ce qu’il veut dire en réalité. Lisons ce qui dit Jésus plus haut afin de saisir le contexte :
Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition ? Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort. Mais vous, vous dites : Celui qui dira à son père ou à sa mère : Ce dont j’aurais pu t’assister est une offrande à Dieu, n’est pas tenu d’honorer son père ou sa mère. Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition.(Mt 15, 3-6)
En nous focalisant sur la tradition dont parle Jésus nous perdons de vue le message essentiel qu’Il veut nous faire passer. Il nous montre une contradiction entre un passage de la tradition hébraïque et un commandement de Dieu. La tradition encourageait de favoriser les offrandes à Dieu au détriment du secours et de l’aide que nous sommes sensé apporter à nos parents. C’est bien évidement une hypocrisie manifeste que de croire qu’un tel comportement puisse satisfaire à Dieu. C’est donc avec cette lecture qu’il nous faut voir ce verset.
Ces choses étant clarifiées passons à la suite. La Tradition orale existe bien et nous pouvons bien évidement la trouver dans la bible. Pour commencer observons le mot tradition de Mt 15, 6 que nous venons de voir. Le mot en question dans le grec est « paradosis » παραδοσις qu’il est possible de traduire par : « tradition » ça nous le savons mais aussi « instructions ». Ce mot est traduit dans la bible Louis Second par :
Instruction : 1Co 11, 2; 2Th 2, 15; 3, ,6
Tradition : Mt 15, 2. 3. 6; Mc 7, 3. 5. 8. 9. 13; Ga 1, 14 et Col 2, 8
Il est donc désigné invariablement (dans le grec) lorsqu’il défini la tradition juive et la Tradition (ou les instructions) chrétienne. Et c’est là que le problème d’interprétation des traducteurs tels que ceux de la bible LSG porte à confusion. Le même mot « Paradosis » que nous voyons en Mt 15, 6 est aussi cité en :
1 Co 11, 2 : « Je vous félicite de ce qu’en toutes choses vous vous souvenez de moi et gardez les traditions comme je vous les ai transmises. »
2 Thess 2, 15 : « Dès lors, frères, tenez bon, gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre. »
2 Thess 3, 6 : « Or nous vous prescrivons, frères, au nom du Seigneur Jésus Christ, de vous tenir à distance de tout frère qui mène une vie désordonnée et ne se conforme pas à la tradition que vous avez reçue de nous. »
Et comme par hasard la LSG traduit ici invariablement « instruction ». C’est ce que l’on appel une orientation de la traduction du texte qui prend ses sources dans une interprétation personnelle. Mais passons cela.
1Co 11, 2 nous parle de tradition transmise et c’est bien ce qui est propre à la Tradition d’être transmise ! Puisque Paul transmet, c’est qu’il a reçu d’un autre comme il le dit lui même (cf. 1Co 15, 3) Paul pas plus que Jésus (nous verrons cela par la suite) ne transmet rien de lui même ! De plus Paul nous dit également ceci :
1Co 11, 23-26 Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
L’exposé n’étant pas autour de l’eucharistie, restons concentré sur le sujet qui nous occupe. Que veut dire Paul lorsqu’il dit : « J »ai reçu du Seigneur » ? (v.26) Paul n’était pas présent lors de l’institution eucharistique avant que Jésus ne fût livré. Comment donc l’a-t-il reçu du Seigneur ? Il est facile de le savoir, les apôtres lui en ont parlé et il y a cru. Paul n’avait pas les évangiles pour s’y référer à cette époque et il est clair que c’est oralement qu’il a été instruit sur ce sujet. Paul a donc écouté les apôtres et bien évidement il a cru. Paul a reçu des apôtres comme du Seigneur. Remontons alors cette chaîne de la Tradition pour voir jusqu’où elle va !
Jésus à dit à ses apôtres :
Lu 10, 16 « Celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette celui qui m’a envoyé. »
Donc Paul à écouté les apôtres qui ont écouté Jésus, ne pas écouter Jésus c’est rejeter celui qui l’a envoyé. Il est aussi question « d’accueillir » dans cette même formulation en (Mt 10, 40) Mais aussi en :
Jn 13, 20 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui reçoit celui que j’aurai envoyé me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
Et oui ! La Tradition apostolique remonte non pas à Jésus ! Mais à Dieu le Père, car Jésus n’a jamais rien dit de Lui même (cf. Jn 8, 44 ; 7, 17…) et Jésus à transmit ce qu’il à reçu de Dieu le Père, aux apôtres (Jn 17, 8. 22) Nous disant que par leur Parole (LOGOS en Grec) certains croiront (cf. Jn 17, 20). Ce qui dénote une transmission qui provient, par Jésus Christ de Dieu le Père ! Paul en accueillant et en écoutant les paroles des apôtres à cru et en croyant il « né d’en haut » c’est à dire de Dieu le Père. Voici ce qu’est la Tradition apostolique.
Comment la Tradition apostolique à annulé l’écriture ?
Au tout début de l’Église tout les chrétiens étaient juifs. Jésus était Juif, les apôtres étaient juifs etc… C’est lorsque Paul revient de son premier voyage qu’une question va se poser et susciter le premier concile, celui de Jérusalem. Nous sommes dans le livre des Actes au chapitre 15. Il est question de : « Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant: Si vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. » (Ac 15, 1) Qui fait jaillir un conflit opposant Paul et Barnabas à ces gens là nous dit le verset 2. C’est à partir du verset 15 que nous avons l’ouverture du concile. Mais que dit l’écriture au sujet de la circoncision ? Elle dit que l’Alliance de la circoncision est « une alliance à perpétuité » (Gn 17, 7; Ps 105, 10). Elle dit que les patriarches Moïse et les Prophètes sont circoncis. Elle dit que la circoncision est enjointe, non seulement aux descendants d’Abraham, mais à chaque mâle étranger qui veut se joindre au Peuple de l’Alliance (Ex 12, 48; Gn 17, 12; Eze 44, 9).
Pause !
Pas d’exception. Plus encore, en faisant un tour de table nous constatons que les Apôtres et les anciens sont tous circoncis et que le Seigneur Jésus qu’ils annoncent était circoncis (Lc 2, 21). Et Jésus lui-même dit que pas un iota, pas un point de la loi ne passera jamais (Mt 5, 18) tandis qu’il est silencieux comme une pierre sur l’exemption des gentils de l’immémoriale nécessité de la circoncision pour tous ceux qui veulent se joindre au Peuple de Dieu.
Ainsi, le Concile se réunit, et à la lumière de tous ces enseignements scripturaires évidents, déclare …
….que la circoncision des gentils est contre la volonté de Dieu qui ne change pas.
Soudainement, toute l’histoire devient incroyablement catholique, n’est-ce pas ? Alors la Tradition Apostolique changea-t-elle l’Écriture ou pas ?